Le Club a commencé ses activités en 2025 par une visite guidée de l’exposition “Venise en fête”, dont le thème était la peinture vénitienne du XVIIIe siècle, une collaboration entre le musée Calouste Gulbenkian et le musée Thyssen-Bornemisza de Madrid. Nous avons pu admirer des tableaux de Canaletto, Francesco Guardi, Giambabattista Tiepolo, Michele Mariechi et d’autres.

Canaletto a fait preuve d’un splendide traitement de la lumière et des ombres et d’une parfaite maîtrise de la perspective, s’attachant à représenter avec précision et minutie les détails de l’architecture vénitienne, tant dans les vedute (vues panoramiques urbaines) que dans les capricci (compositions combinant des éléments réels, tels que des bâtiments ou des monuments célèbres, sur des arrière-plans imaginaires).

Le réalisme qui caractérise la peinture de Canaletto a permis d’établir une date sûre pour le tableau, puisque le pavement de la place Saint-Marc est représenté à l’époque de sa rénovation, vers 1723-1724. La perspective converge vers la basilique et le Campanile, avec son impressionnante tour de 98,6 mètres de haut. L’espace en profondeur est réalisé avec Procuratie Vecchie baigné de lumière et Procuratie Nuove reproduit dans l’ombre.

Le tableau représente le Bucentauro, la galère d’apparat, le jour de l’Ascension, amarrée devant la Piazzetta, retournant à la place Saint-Marc après l’évocation symbolique du mariage entre Venise et la mer Adriatique.



Francesco Guardi est considéré comme l’un des derniers peintres de l’école classique vénitienne à avoir immortalisé la splendeur des cérémonies de la Sérénissime.
Ses premières œuvres montrent une influence évidente de Canaletto, mais au fil du temps, il a créé son propre style, caractérisé par une peinture plus lâche, des coups de pinceau vigoureux, une absence de souci du détail et une architecture librement imaginée. Chez Guardi, les bâtiments semblent souvent avoir « fondu » et s’être enfoncés dans la lagune. Il peint Venise sous un ciel nuageux, au moment du crépuscule, contrairement à Canaletto qui l’a peinte en plein jour.

La peinture représente la place le jour de l’Ascension. On y voit la basilique, le clocher, la tour de l’horloge, le palais des Doges et la Procuratie avec ses arcades, où se trouvaient les boutiques de bijoux et de textiles. Au premier plan, dans un cadre festif, d’élégantes silhouettes donnent au tableau le mouvement et l’agitation de la fête.

Le tableau représente le pont du Rialto depuis la rive du charbon. C’est la seule œuvre de la collection Gulbenkian à être signée par le peintre (sur la tablette à côté de l’escalier).

Dans cette veduta, le peintre décrit minutieusement les bâtiments du cœur de Venise. Cette vue frontale est inspirée d’un tableau de Canaletto conservé au musée du Louvre.

Dans ce capriccio, Guardi représente le pont conçu par Palladio pour la zone du Rialto, qui n’a jamais été construit. Le mouvement des personnes et des bateaux entre les rives du vin et du charbon incorpore des éléments réels dans quelque chose qui n’a jamais existé.

Dans ce tableau, inspiré d’une œuvre de Canaletto, Guardi donne une perspective plus large du Grand Canal, un espace en profondeur qui s’étend de la tribune près du palais Balbi jusqu’au pont du Rialto à l’horizon. À gauche, le pavillon flottant où les prix étaient remis aux vainqueurs de la régate.

Giacomo est le fils de Francesco Guardi et ses peintures sont moins dynamiques, avec un style moins exubérant et inventif, répétant les motifs à succès peints par son père tout au long de sa carrière. Dans ce tableau, la présence de bannières françaises sur l’une des gondoles permet de penser qu’il a été peint après la fin de la République de Venise.

Dans ce tableau, Michele Marieschi représente la basilique baroque de Santa Maria Della Salute, construite en 1630 par le Sénat lors d’une épidémie de peste et achevée en 1687. Voyant le succès de Canaletto et influencé par Luca Carlevarijs, Michele s’est également consacré à la réalisation de vues urbaines de Venise.

Le peintre français Félix Ziem représente la place Saint-Marc avec une perspective oblique et une richesse de couleurs qui donne une nouvelle perception de la lumière et de la couleur en peinture.



Le Bucentaure – une réplique de la dernière galère d’apparat du Doge, construite en 1729 et détruite par les Français en 1798 sur ordre de Napoléon Bonaparte. Le pont inférieur était destiné aux rameurs, avec une capacité de 42 rames. Le pont supérieur, recouvert d’un immense baldaquin, formait une grande salle tapissée de velours rouge, utilisée par les plus hautes autorités de la République, et se terminait à l’arrière par le trône du Doge.
Le bateau était utilisé pour les festivités, les parades dans la lagune pour recevoir les ambassadeurs et surtout pour la fête de l’Ascension, le jour du mariage symbolique de Venise avec la mer Adriatique. Le Doge, le nonce apostolique et d’autres invités de marque sont montés à bord du Bucentauro, qui s’est dirigé vers l’église Saint-Nicolas, où le patriarche a attendu que le Doge bénisse l’anneau de cérémonie et le jette à la mer, allusion à la puissance navale de Venise sur l’Adriatique. Après la messe, un banquet a été organisé au palais des Doges.
Ces deux peintures de Francesco Guardi illustrent la fête de l’Ascension.

